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CARTIER ET LES ARTS DE L'ISLAM, AUX SOURCES DE LA MODERNITE

Photo du rédacteur: Asma OudinaAsma Oudina

Bonjour à toutes et à tous !


Avec l'équipe Asma Consulting nous avons été au Musée des Arts Décoratifs pour assister à l'exposition "Cartier et les arts de l'Islam". Dans cet article nous vous emmenons avec nous pour une visite guidée de cette magnifique exposition !


"Au début du 20e siècle, Paris devient le haut lieu du commerce de l'art islamique. Les grandes expositions consacrées à l'art islamique, en 1903 organisée par le Musée des Arts Décoratifs et celle de Munich en 1910, témoignent d'une volonté de positionner les arts de l'Islam dans une histoire de l'art qui reste alors encore à écrire. En filigrane de ces expositions s'affiche la volonté des organisateurs d'apporter aux artistes de nouveaux modèles afin de renouveler l'art occidental considéré comme à bout de souffle.


Louis Cartier qui participe à ce mouvement de l'intérieur, en tant que collectionneur et créateur était-il persuadé comme l'étaient les organisateurs de ces manifestations que ces nouvelles formes pourraient sauver l'art occidental, alors en manque d'inspiration ? Les nombreuses créations inspirées par les arts de l'Islam, les dessins et photos conservés dans les archives Cartier permettent de le penser. Cette découverte stimule la créativité de la Maison et la fait entrer dans la modernité."


En effet, Judith Henon-Raynaud a dit lors d'une interview pour le magazine "Connaissance des arts", que «Louis Cartier a certainement vu dans les arts de l'islam une source d'inspiration capable d'apporter un nouveau souffle à la création contemporaine.»

"L'exposition illustre les influences des arts de l'Islam sur la production de bijoux et d'objets précieux de la Maison Cartier, du début du 20e siècle à nos jours. Elle s'organise en deux grands volets :


Dans la galerie nord (salle 1 à 6), elle explore les sources d'inspiration, en lien avec les arts de l'Islam, mises à la disposition des dessinateurs à l'époque.


Le second volet de l'exposition (salle 7 à 11) est consacré au répertoire des formes inspirées par les arts de l'Islam depuis le début du XXe siècle jusqu'à nos jours". Nous vous présenterons dans cet article certaines pièces et bijoux que nous avons photographié.


Nous allons vous faire une petite visite guidée de cette magnifique exposition :


En haut des marches du Musée des Arts Décoratifs, étaient exposés 3 créations emblématiques de la Maison Cartier:


  • Une Ceinture de cour provenant de l'Inde ou de l'Iran, créée au XVIIe siècle. Elle est faite de soie, de lampas sur fond satin broché de fils métalliques d'argent, 66x465cm.



  • Un Diadème turquoise, Cartier Londres, commande de 1936. Platine, diamants, turquoises, 4,8 x 16,7 cm, H. au centre 4,8 cm, Collection Cartier.







  • Et d'un Bandeau, Cartier Paris, commande de 1923. Platine, diamants, H. 7,5 cm, Collection Cartier.







Nous avons ensuite traversé les 6 salles côté nord :

  • la première était celle de "la mode persane" ,


  • la deuxième était "la bibliothèque d'étude, source d'inspiration inépuisable". Dans celle-ci était présenté les archives Cartier. "Elle nous permettent de comprendre le cheminement intellectuel du créateur, depuis l'idée originelle en passant par les études, pour aboutir au dessin final qui sert pour la réalisation du bijou en atelier. Un minutieux travail d'identification a été mené sur les dessins en lien avec les arts de l'islam afin d'essayer d'en identifier les sources."


  • la troisième était "la collection d'art islamique de Louis Cartier". Il était un "collectionneur discret, il n'a jamais publié ses collections et les pièces qu'il réunit tout au long de sa vie sont dispersées après sa mort, essentiellement aux Etats-Unis. Cette collection est aujourd'hui reconstituée grâce aux archives de la maison cartier (livres de stock, factures, négatifs sur plaque de verre) et aux publications et catalogues des expositions auxquelles il participe. [...] Plusieurs chefs d'œuvres de la collection de Louis Cartier sont regroupés ici pour la première fois depuis sa mort, aux côtés de dessins et d'études, d'esquisses et d'objets qu'ils ont inspirés."



Dans cette salle nous avons aperçu un magnifique étui de plumier dit de "Mirza Muhammad Munshi", fabriqué vers 1586 - 1588 et créé en Inde ou en Iran. Il est fait d'ivoire de morse sculpté, gravé et incrusté d'or, de turquoises, de pâte noire et de soie; encrier : alliage de cuivre, feuilles d'or et turquoises, 3 x 23 x 4 cm.




  • Salle 4 : "Jacques Cartier en Inde et à Bahrein".

"L’exposition se poursuit avec les voyages que Jacques Cartier entreprend notamment en Inde, en 1911, pour rencontrer les princes de la péninsule. Le commerce des pierres précieuses et des perles ouvre à Jacques Cartier la voie vers ce pays. Ils lui permettent de développer la clientèle des maharadjahs et de collecter des bijoux anciens et contemporains, pour les revendre en l’état, s’en inspirer ou les recomposer au sein de créations nouvelles. De retour en Europe en avril 1912, il organise, dès le 28 mai dans la boutique Cartier de Londres, une exposition de "bijoux et d'objets d'art orientaux récemment collectés en Inde"."


Voici un collier Cartier de 1911, constitué de perles du Golfe Persique, de platine, de diamants, et de perles fines.

« Si j'ai bien compris ma mission, le travail le plus important qui m'a été confié pendant mon voyage aux Indes, était d'investiguer le marché des perles et de rapporter de quelle façon nous pouvons le mieux nous ravitailler. »

Lettre de Jacques Cartier à son frère Louis, 24 octobre 1911, Archives Cartier, Paris.




  • Salle 5 : "Les bijoux "orientaux" : nouvelles formes et innovations techniques".

"Dès la fin du 19º siècle et tout au long du 20ª siècle, la maison Cartier achète des bijoux «orientaux», principalement indiens. Les livres de stocks mentionnent également des pièces originaires d'Iran ou du Maroc. Ces bijoux sont destinés à intégré de nouvelles créations, mais ils sont aussi revendus en l'état ou avec quelques légères modifications. [...] La flexibilité des bijoux indiens, les montages sur fils inspirent des innovations techniques. Les créateurs transposent la flexibilité indienne dans des montures en platine où les différents éléments sont assemblés afin de laisser toute sa souplesse au bijou."



Voici un Ornement de tête, Cartier, New York, vers 1924. Fait en platine, or blanc, or rose, diamants, plumes. Collection Cartier.


"En Inde et en Iran, les turbans des souverains et des dignitaires sont surmontés d'un bijou orné de plumes, souvent complété de riches aigrettes orfévrées. En Europe, surtout au 18e siècle, les femmes portent de nombreuses branches aux fleurs mobiles en argent et pierres fines ou précieuses dans leur chevelure."






Collier, Cartier Londres, 1938. Allongé par Cartier Paris, 1963. Platine, diamants, émeraudes. Ancienne collection Merle Oberon.


"Ce collier est inspiré des formes rayonnantes indienne et des émeraudes polies dans la tradition indienne."







Poudrier miniature et étui à rouge à lèvre, Cartier Paris, 1931 et1933. Or, platine, émail, rubis, diamants.


"La monture des rubis imite visuellement la technique indienne du Kundan, qui consiste à utiliser un or très pur et malléable travaillé en minces feuilles d'or disposées et fixées autour des pierres qui sont collées par le fond. Ce type de montage est très fragile compte-tenu de la finesse de l'or. Les ateliers Cartier réalisent ici un vrai serti mais disposent les bandes d'or autour des pierres à la façon du Kundan."


  • Salle 6 : "Les apprêts"


" Dans les années 1920 et 1930, la maison Cartier utilise largement des apprêts «orientaux», fragments de bijoux et d'objets anciens ou contemporains que les ateliers incorporent dans de nouvelles créations. C'est ainsi que des plaques émaillées indiennes ou iraniennes sont serties sur des couvercles de nécessaires ou d'étuis à cigarettes, mais aussi des fragments de peintures et de céramique. Des bijoux indiens sont complétés, d'autres sont démontés et reconstruits dans des parures exceptionnelles telles celles de la créatrice de mode Elsa Schiaparelli ou de la cantatrice Ganna Walska. Jusque dans les années 19B0, des textiles indiens ou inaniens sont achetés pour constituer des pochettes et des sacs du soir ornés de fermoirs en pierres précieuses et leurs motifs inspirent quelquefois les décors de nécessaires."



Broche pince Indienne, Cartier Londres, 1938. Or jaune, or blanc, un diamant, rubis, perles fines, 5.7x4.5x1.88cm. Collection Cartier.






"Parmi les apprêts, on trouve également de nombreux textiles : vestes, robes et fragments de tissus venant d'Inde et d'Iran. Ces textiles constituent une source d'inspiration importante pour les dessinateurs et sont à l'origine de nombreux motifs repris dans les décors de nécessaires et les bijoux. Ces textiles sont également intégrés à des créations. Dans les années 1920 et jusque dans les années 1990, ils sont utilisés pour réaliser des sacs du soir ornés de précieux fermoirs, peut-être à l'instigation de Jeanne Toussaint alors directrice de ce département «S», accessoires et sacs." 1. Aumônière du soir. Textile: Iran, 20° siècle Cartier Paris, 1980. Lamé, daim, soie, plaqué or, cabochon de saphir. 2. Aumônière, petit modèle. Textile : Iran, 20° siècle. Cartier Paris, 1980. Lamé, velours, soie, argent doré. 3. Sac du soir contenant un nécessaire. Textile : Iran ou Inde, 20° siècle. Cartier New York, 1954. Cuivre, émail, jade, brocart.


  • Salle 7 : "les débuts de la création"

"L'entrée de Louis Cartier dans l'affaire familiale (1898) marque un tournant. Il constitue un atelier de dessinateurs qui va, sous sa direction, donner naissance au style de la maison. Au début du 20 siècle, Cartier connaît le succès grâce au style guirlande: bijoux en platine et diamants inspirés des styles Louis XV et Louis XVI avec des enroulements végétaux proches des motifs de ferronnerie du 18ª siècle. En parallèle, des formes géométriques apparaissent dans le répertoire de la maison, inspirées des livres d'ornements du 19° siècle et de leurs planches «arabes». Ces motifs géométriques se mêlent au style guirlande pour donner naissance à un style qualifié de «transition» produit jusque vers 1912."



Collier draperie — Cartier, Paris, commande de 1947. Or, platine, diamants, améthystes, turquoises.

Commande du duc de Windsor pour la duchesse de Windsor Nils Herrmann

Collection Cartier .










Sautoir; Cartier Paris, 1907 (sautoir), 1908 (pendentif) platine, semence de perles, diamants ; pendant : H. 5,7 cm; l. 4,9 cm, Collection Cartier.













  • Salle 8 : "Le répertoire des formes"

" Cette seconde partie de l’exposition est consacrée au répertoire des formes inspirées par les arts de l’Islam. Les bijoux et objets Cartier y sont organisés par motifs. Ils sont mis en regard d’œuvres islamiques provenant des collections du Musée des Arts Décoratifs et du musée du Louvre qui, pour la plupart, ont été présentées lors des premières expositions consacrées aux arts de l’Islam. Les dessinateurs de la maison ont certainement vu ces œuvres au cours de ces manifestations, ou bien les ont découvertes à travers les albums des expositions, présents dans la bibliothèque. Des photographies conservées dans les archives Cartier et des dessins permettent d’éclairer les sources d’inspiration ainsi que le processus créatif.


En l’absence de certains bijoux Cartier, des tirages modernes réalisés à partir des négatifs de l’époque conservés dans les archives permettent de montrer l’importance de certains motifs et confirmer des tendances. Sous la direction artistique de Louis Cartier du début du XXe siècle, jusqu’aux années 1930, et avec le dessinateur Charles Jacqueau, l’architecture, les arts du livre et les textiles sont parmi les principales sources d’inspiration et donnent naissance aux merlons à degrés, jeux de briques, mandorles, ocelles et tigrures, fleurons, rinceaux, boteh, cyprès...


En 1902, l’année du couronnement d’Édouard VII, Cartier ouvre une succursale à Londres sous la direction de Pierre puis de Jacques (à partir de 1906). En 1909, Alfred ouvre une nouvelle branche à New-York, qu’il confie à Pierre, donnant alors une dimension internationale à la Maison."


Diadème, 1923, Cartier.















Pendulette Borne à chevalet, Cartier Londres, 1927. Platine, or, métal argenté, cristal de roche, jade gravé, rubis, diamants, émail bleu. 9.85x7.95x3.3cm. Collection Cartier.












  • Salle 9 : "les motifs tapissants"

Cette salle est idéale pour faire des photos ! Sur un mur est projeté des motifs de l'art islamique. En effet, "l’utilisation de motifs répétés créant une impression d’infini est fréquente dans l’art islamique, notamment dans la décoration architecturale, les revêtements de sol et les textiles. Ces motifs ont particulièrement intéressé les théoriciens du design au XIXe siècle, qui ont publié des répertoires de tels ornements dans le but de stimuler le design industriel européen. Certains de ces modèles montrent un intérêt profond et une compréhension des principes géométriques et mathématiques. Owen Jones a enregistré des motifs infinis copiés des murs carrelés et stuqués du palais de l’Alhambra à Grenade, tout comme Jules Bourgoin a examiné l’architecture mamelouke au Caire et à Damas. Décontextualisés à partir de leurs origines, de leurs matériaux et de leurs couleurs, ces motifs ont été publiés dans leur forme la plus minimaliste."


  • Salle 10 : "l'Inde et les années Jeanne Toussaint"


  • Salle 11 : "Cartier et les arts de l'islam aujourd'hui"

Cette dernière salle nous a particulièrement éblouies de par la splendeur de ses bijoux :


Bracelet, amulette gravée d'un verset du Coran. Iran, XVIIIe-XIXe siècle. Cartier, 2017. Platine, jade néphrite, perles fines, diamants, tour de poignet 15cm, collection Adel Ali Bin Ali.















Broche, jade serti en kundan, Inde. XVIIIe siècle. Cartier, 2015. Platine, or, jade, néphrite, émeraudes, spinelles, grenats, béryls, diamants. 10x5.7cm. Collection Privée.













Collier, Cartier, vers 2000. Or blanc, diamants. Tour de cou 42cm, hauteur au centre 8.5cm. Collection Cartier.











Sources :

- Le dépliant distribué à l'entrée du Musée.

- Le hors-série du magazine "Connaissance des arts" au sujet de "Cartier et les art des l'islam".


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Rédaction: Cynthia.G


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